dimanche 13 novembre 2011

Les débuts, la suite.

     À l'automne 1985, j'entre au secondaire.  Le premier souvenir musical que j'ai de cette époque, c'est d'avoir acheté l'album "Hunting high and low" de A-ha, le trio norvégien.  La chanson "Take on me" est un excellent morceau de pop et le fabuleux clip qui l'accompagne est devenu un classique.  Cette époque, c'est aussi celle où je commence à acheter des magazines musicaux, plus précisément les mensuels "Fan club" et "Wow!", deux publications québécoises en français(j'étais pas encore assez bon en anglais pour le Rolling Stone ou le NME!) destinées aux jeunes.  Un des deux avait Denis Gagné comme rédacteur en chef, celui qui anime aujourd'hui l'émission "L'épicerie"!  Dans ces magazines, j'apprends l'existence de nouveaux groupes, comme les Jesus and Mary Chain, qui sortent leur premier album à ce moment-là, la bombe de distortion "Psychocandy"(ma rencontre musicale avec les Mary Chain n'aura cependant pas lieu avant 1987, à la parution de l'album "Darklands").  J'y apprends que leurs concerts se terminent en général après 15-20 minutes dans le feedback et le chaos.  On les qualifie de nouveaux "Sex Pistols" dans les magazines britanniques.    Les pistols, ce band mythique que j'ai découvert quelques années auparavant à la bibliothèque municipale dans une encyclopédie du rock.  D'après ce que j'y ai lu, c'étaient de véritables antéchrists.  En fait, ils avaient eu la malchance de jurer à la télé britannique en heure de grande écoute et d'avoir un bassiste mort d'overdose.  De nos jours, un gars comme Éric Lapointe fait pire que ça dans la même semaine.

    Les magazines musicaux ne demeurent pas ma principale source d'information bien longtemps.  1986 amène un nouveau joueur dans le paysage médiatique québécois: Musique Plus.  "La télé-vidéo en stéréo" me fait découvrir plein de nouveaux artistes, car croyez-le ou non, on y diffusait de la musique, à l'époque!  J'aime particulièrement l'émission "Nu Musik", avec Benoît Dufresne, un animateur dont le séjour à M+ sera assez bref.  J'y fais la rencontre des Cure, Smiths et autres New Order de ce monde.  C'est aussi l'année où je fais plus ample connaissance avec The Police, qui, bien que séparés depuis 2 ans, font paraître un greatest hits ("the singles") avec une nouvelle version de "Don't stand so close to me".  Je les avais connu 2 ans auparavant avec leur succès universel "Every breath you take", mais c'est à ce moment qu'ils deviennent un essentiel de ma discothèque.  Leur musique m'a accompagné à travers toutes ces années, même si mes goûts ont évolué avec le temps; c'est une musique qui traverse les époques.  Étrangement, je ne les ai plus vraiment écouté depuis que j'ai assisté à leur tournée-réunion lors de leur premier passage à Montréal, en 2007.  Sur le coup, j'ai aimé le spectacle; difficile de ne pas être satisfait par un groupe de virtuoses jouant toutes leurs meilleures chansons, que tout le monde connaissait par coeur.  Mais en fait, il manquait l'essentiel: ce que certains appellent une âme.  Lorsque j'y  repense à tête refroidie, je me dis qu'il aurait finalement été préférable qu'ils ne reviennent jamais, me laissant avec mes illusions sur ce band que je n'avais pas connu au sommet de sa carrière, n'ayant que 10 ans quand le groupe fut le band de l'heure en 83-84.  Le tout n'était probablement qu'une opération mercantile, surtout lorsqu'on parle de billets dans les rouges à 240$/pièce!  Je crois qu'il faut parfois laisser les fantômes là où ils sont.

    U2.  LE plus gros band de la planète.  Je fais leur rencontre vers 1986, entre les albums "Unforgettable Fire" et "The Joshua Tree".  J'adore la chanson "Pride (in the name of love)", un de leurs premiers hymnes (avec "Sunday Bloody Sunday"), avec lesquels ils rempliront les stades du monde entier après la parution de leur album suivant.  J'aime bien aussi "Bad", que je trouve toujours aussi magnifique aujourd'hui.  Le 9 mars 1987, c'est la parution de "The Joshua Tree", un classique parmi les classiques.  À ce moment, U2 devient mon band préféré, et le restera jusqu'à ma rencontre avec le punk et le hardcore, où j'effacerai du revers de la main ces années de musique pop et alternative.  Je vais perdre la trace de U2 jusqu'en 2001, à la parution de "All that you can't leave behind", qui constitue justement un retour à leurs racines musicales des années 80.  Cet excellent disque sera récompensé de plusieurs prix et ce sera aussi l'occasion pour moi d'assister à leur spectacle de Montréal en septembre, peu de temps après les événements du 9/11.  Cette fois-ci, aucune déception!  Le show est magique.  Certains reprocheront à Bono son côté prédicateur, mais il sait amener le spectacle à un niveau presque mystique, on a vraiment l'impression de vivre un moment privilégié.  J'ai assisté à assez de concerts pour savoir que lorsque le chanteur dit : " Montréal (ou Matane, Québec, etc.) vous êtes les meilleurs!", c'est en général de la bullshit pour faire lever le show.  Avec U2, on veut vraiment y croire.

mardi 8 novembre 2011

Les débuts, 1ère partie.

     Du beat. Du son. D'la muze. D'la toune.  On la nomme comme on veut, mais surtout, on l'écoute.  Des fois c'est pour avoir un bruit de fond, pour faire le ménage!  Mais souvent c'est pour la savourer, en jouir.  J'ai toujours préféré écouter des albums; le random et le shuffle, très peu pour moi.  J'aime écouter l'oeuvre dans sa totalité, pour en saisir toute la subtilité.  Écouter des chansons mélangées, c'est comme regarder un montage de clips extraits de films différents; c'est dur de saisir le scénario!  Ce qui fait les grands groupes, ce sont les grands albums, pas les singles.  Depuis quelques années, on pourrait dire que j'ai bouclé la boucle.  La première musique que j'ai écouté était sur vinyle, et j'ai recommencé à les collectionner il y a 5-6 ans.  Non sans un grand détour par les cassettes, les cd et les mp3!

     Le premier vinyle que je me souviens avoir acheté est l'album de Corbeau, "Illégal".  On est en 1982, j'ai neuf ans, et j'achète ce disque à la pochette noire et blanche chez "Continental", sur la rue Saint-Jérôme.    Peut-être dû à la piètre qualité du vinyle, ou encore à la vétusté de l'engin qui sert de tourne-disque à la maison, il n'y a qu'une seule pièce qui ne saute pas quand on la fait jouer, et c'est "Illégal".  Tout le reste est inécoutable.  Au moins j'ai sauvé la meilleure!   Sorti la même année, l'album "Creatures of the night" de Kiss s'ajoute par la suite à ma discothèque personnelle.  En 4ième année du primaire, la professeure (Jovette ou Monette, pas sûr) nous suggère d'amener de la musique à écouter lors de la période d'activité du lendemain; mal lui en prit!  Le lendemain après-midi, mon tour arrive finalement et j'en profite pour partager avec tous ce disque que j'aime bien.  Malheureusement,  Monette ou Jovette prétexte un mal de tête et interrompt l'initiation au heavy metal de plusieurs de mes camarades de classe.  Qu'à cela ne tienne, je persiste et confirme mon amour pour ce groupe à l'aide de plusieurs lip-synch bien sentis, armé du maquillage de circonstance et d'une raquette de badminton recouverte de papier d'aluminium en guise de guitare.  1982, c'est aussi l'année de "I love rock'n'roll", la chanson qui a rythmé l'été de mes 9 ans.  À l'époque, Joan Jett a racheté les droits de son interprétation de cette chanson des Arrows pour la somme de 3 500$ (ou quelque chose comme ça); la chanson vaut aujourd'hui 20 millions de dollars!

     L'année suivante, c'est l'explosion du phénomène Michael Jackson, avec l'album "Thriller", paru en décembre 1982.  Si Jackson devient une star planétaire, une autre figure de la pop est révélée cette année-là avec l'émergence de Boy George et son groupe Culture Club.  Dans ma classe de cinquième année, la neutralité n'est pas une option; on ne peut pas aimer à la fois Boy George et Michael Jackson!  Je dois ici faire mon mea culpa: je me suis rangé du côté de Boy George!   Ne vous inquiétez pas, cette fois-ci, pas de lip-synch déguisé!  Étrangement, c'est aussi à ce moment  que  je découvre le heavy metal avec Ozzy Osbourne.  Dans un document scolaire de cette époque, il est écrit que mes chanteurs préférés sont Ozzy et Boy George!  C'est ce qu'on apelle de l'ouverture d'esprit (ou peut-être juste un profond manque de culture musicale, j'ai 10 ans quand même!).   Anecdote : j'ai un cousin trisomique un peu plus agé que moi, et à l'époque, il avait vraiment accroché sur Culture Club.  La cassette jouait en continu dans son walk-man, surtout "Karma Chameleon".    Comme il ne savait pas vraiment parler, il disait "com a com a com a com a com..." pour paroles du refrain.  Je l'ai revu une douzaine d'années plus tard, et il était toujours affublé de son walk-man.  Qu'est-ce qui jouait?  Com a com a com a com a com a com...Ça en dit long sur le niveau du groupe.

      En ce début des années 80, le chandail noir à manches 3/4 blanches est l'objet de prédilection pour afficher son appréciation d'un groupe.  J'en ai un d'Ozzy, avec une tête de chauve-souris sanguinolente sur chaque manche.  Si vous ajoutez à cela une paire de "bottes à cap"' pas attachées et une paire de jeans à taille haute, vous avez le kit du parfait rocker de l'époque.

     Vers 1984-85, je suis en sixième année et je découvre d'autres groupes dans la veine heavy metal de l'époque, avec des bands comme Scorpions (la fabuleuse pochette de "Blackout!"), Krokus, Quiet Riot, et d'autres dont j'ai perdu le souvenir.  C'est aussi l'époque des Twisted Sisters, un groupe minable qui aura eu la chance d'écrire 2 hits, qui sont probablement toujours leur gagne-pain aujourd'hui!   Ils sont un des groupes à avoir le plus profité de la nouvelle vague du vidéocilp qui déferlait à ce moment .  La fameuse "Grande nuit vidéo" a marqué cette époque, bien avant l'arrivée de Musique Plus.  L'émission fût présentée en "Stéréovision" (n'importe quoi!) en direct du studio de montage électronique (Wow, je capote!)de Télé-Métropole.  Je me souviens l'avoir écoutée quelques heures, juste avant de tomber définitivement dans les bras de Morphée.

samedi 23 avril 2011

On the road again (sur la route avec Attack of the Microphone, 1ière partie))

      À l'automne 2006, diverses circonstances m'amènent à devenir le booker d'Attack of the Microphone, quelques semaines avant le lancement de leur album "Close the book, the bull is leaking".  Un soir d'octobre ou novembre, je les rencontre à leur local de pratique pour qu'on discute de tout ça, question de s'assurer que tout le monde va dans le même sens, et ils me font entendre leur album.  J'ai leur démo, "Muerte de Risa", paru en 2004, et je l'aime bien avec son mélange de Faith No More et QOTSA, mais ce nouvel enregistrement me met sur le cul!  Une couple d'années auparavant, le e.p. de December Shade m'avait impressionné avec un son à la Fugazi/At the Drive-In, mais là, j'écoutais un  disque d'une maturité que je n'aurais pas espéré d'un band local!  Sérieusement, je crois que si le band avait profité du soutien d'un label et d'une production professionnelle à ce moment, ce disque aurait fait ouvrir les yeux à bien du monde!  La diversité des chansons, la qualité des compositions et des arrangements auraient permis à Attack de rivaliser avec n'importe quel band de rock lourd au Québec ou au Canada, et le style était totalement en prise sur son époque.  C'est mon opinion...

      L'album parait le 6 décembre 2006, et tout de suite après, je me mets au boulot dans l'espoir de faire sortir le band du Bas-St-Laurent où il est confiné depuis sa naissance; objectif: Montréal.  Avant de s'élancer sur la route, il faut d'abord s'équiper d'un véhicule capable de transporter tout ce beau monde, en plus de l'équipement.  On trouve une van convenant au budget dans le coin de Laval et on fait un aller-retour pour la récupérer.  Pour un véhicule qui a coûté 2500-3000$ (pas sûr), je crois que c'était une bonne affaire;  la van a transporté le band un peu partout entre Halifax et Rouyn-Noranda et 4 ans plus tard, elle est toujours en service!  Donc, dénicher un show à Montréal, et tant qu'à être sur la route, un autre à Québec ou Trois-Rivières.  Je regarde les listings de shows dans différents bars de Montréal, et je trouve quelque chose d'intéressant pour le 17 mars (2007) au Café Chaos; Maximum RNR de Toronto y joue et il ne semble pas y avoir d'autres bands sur le bill.  Comme personne ne connait Attack à Montréal, j'use d'un peu de stratégie!  Je contacte le bar et je leur dis que le show du 17 m'intéresse pour Attack (je leur envoie une copie de l'album et le lien Myspace) et je leur dis que j'ai déjà contacté Maximum RNR et qu'ils n'ont pas de problème avec ça si eux sont  d'accord.  J'envoie un message au groupe et je leur raconte que j'ai contacté le bar et qu'ils sont d'accord si c'est ok pour eux.  Finalement, tout le monde est d'accord!  Premier show à Montréal?   Check!

      On boucle la fin de semaine avec un show pour le vendredi 16 à Trois-Rivières, avec Psychotic 4 en tête d'affiche.  On rentre sur le show grâce au coup de pouce d'un ami qui s'avère être le président du label de P4 (ça aide) et même si Attack sont les premiers sur 4 bands, on est contents, ça fait un show de plus!  All aboard! Direction Ouest!  Le show de Trois-Rivières se déroule assez bien, mais les 4 bands donnent un mélange un peu étrange et il n'y a pas beaucoup de monde.  Peu importe, ça fait une bonne pratique pour le lendemain.  Départ pour Montréal dans la nuit en pleine tempête et dodo chez Pettit et Petit. Le sound check au Café Chaos se déroule très bien et déjà je peux dire que certaines personnes présentes sont impressionnés ou surpris par ce band de gaspésiens ( c'est où la Gaspésie?) qui sonne en tabarnak!  Le soir venu, il y a finalement pas mal de monde et au volume des voix et du nombre de "ben manque" entendus, il y a beaucoup de représentants de la diaspora matanaise!  En passant, pour cette fin de semaine, je suis d'office à la guitare; le king du feedback, l'as de l'accord tout croche pis du pas su'a note est de retour!   En effet, François a quitté le groupe quelques semaines auparavant et son remplaçant, Jonathan, avait déjà planifié  un voyage au soleil; donc je reprends du service pour 2 shows (et 3-4 pratiques).  C'est aussi le début des frères Pettit et Petit (les Dupont et Dupond du rock'n'roll) à titre de roadies officiels.

      Attack ouvre le show et ça se passe bien, la foule reçoit ce qu'on lui donne: du gros rock qui fesse comme un coup de pied dans les dents.  D'après les commentaires reçus et l'impression que j'ai eu sur scène, ce premier passage dans la grande ville est une réussite. Keith, le guitariste de Maximum RNR, s'est dit surpris de la qualité du band, car selon lui (et il a raison), les bands qui viennent des régions sont souvent des bands de jeunes sans expérience avec du gear qui ne sonne pas trop, mais avec Attack, c'est autre chose; certains membres ont eu des bands qui ont tourné et l'expérience est là (en plus d'une bonne dose de talent).   Le deuxième band sur scène est Dutch Oven,  un band adepte de Black Sabbath comme de Mudhoney; ça donne du gros rock sale.  La rencontre de ce band sera importante pour Attack et ils joueront ensemble à plusieurs reprises par la suite, dont une virée dans les Maritimes en juin  2009,  et ils lanceront un split-cd , "A mirage of flesh",  à la même époque. Le power trio nous livre une solide performance et tout est en place pour  la finale qui est assurée par Maximum RNR de Toronto, un groupe punk hardcore qui nous envoie des bombes de 1:30-2 minutes max.  Le band est tight et on voit qu'ils ont beaucoup d'expérience.  Ils finissent leur set avec des covers des Misfits; il n'y a jamais trop de Misfits!  Ils sont encore actifs aujourd'hui, et leur chanteur Louis Durand les a quitté pour être remplacé par Gymbo Jack, qui a oeuvré au sein de Dayglo Abortions de nombreuses années.  J'ai vu Dayglo avec Gymbo Jack il y a longtemps aux Foufs et c'est un méchant malade!

      Septembre 2008.  Un an et demi s'est écoulé depuis cette première virée en "ville" et les shows se sont succédé à un bon rythme pendant ce temps, avec entre autres plusieurs virées à Montréal et Québec, Sherbrooke, St-Hyacinthe, Rimouski, Bonaventure, Châteauguay, etc.  Le groupe est à Québec pour participer au Festival Envol et Macadam, dans un show présenté à la Casbah, sur Saint-Joseph, avec 2 bands de Québec qui ont fini 1ier et 2ième au concours Second Skin.  These Silent Waves ouvrent la soirée, Attack sont deuxièmes et Rodéo Mécanique terminent le show.  Honnêtement, les 2 bands de Québec se font botter le cul solidement par Attack, aucune comparaison possible, tant au niveau de la qualité du spectacle que de celle de la musique!  C'est peut-être aussi dû au fait que les Matanais semblent être les seuls à avoir un public autre que leurs blondes ou chums respectifs!

      Ce qui est cool avec une présence à un festival comme ça, c'est qu'on obtient des passes qui donnent accès à tous les lieux du festival, même le backstage du site principal!  On passe donc le lendemain à Québec pour assister aux spectacles de la journée sur le site extérieur.  Au programme, la journée spéciale du 400 ième de Québec avec des artistes représentant plusieurs nations: Les Wampas et La Phaze de France, GBH d'Angleterre, Moja du Japon, Pennywise des États-Unis, Loco Locass du Québec, etc.  Les bands qui m'ont marqué: tout d'abord, Moja.  Les 2 membres du band (une fille à la batterie et un gars à la basse et au vocal) mis ensemble pèsent environ la moitié de mon poids, mais ils nous garrochent une tonne de briques dans la face!  Leur set est impressionnant et j'ai l'occasion de les rencontrer backstage pour leur faire part de mon appréciation.  Sympathiques personnages.  Ensuite, les légendaires Wampas, que je n'ai jamais eu l'occasion de voir live.  C'est toute une leçon de rock'n'roll!  Leur spectacle est écoeurant et le chanteur se permet même une virée dans les airs sur un coussin géant porté par la foule. Vraiment un excellent show.  Loco Locass?  Pas tellement mon genre, mais leur spectacle est bon et on leur pique une de leurs tuques de clown aux couleurs du Canada à l'arrière-scène; elle doit encore traîner sous un banc de la van à travers les sacs de chips et les bouteilles de Jager vides.

     La tête d'affiche est  assurée par Pennywise, un band que j'ai écouté à leur débuts, vers 93-94, mais que j'ai perdu de vue par la suite.  Je ne suis donc pas particulièrement fan mais je décide avec Jo d'essayer de me rendre sur le côté de la scène, c'est le meilleur endroit pour voir un show; on reçoit l'énergie de la foule en plus de celle du band!  Malheureusement, on est rapidement repéré et on doit descendre de là!  Qu'à cela ne tienne, on se reprend de l'autre côté, et cette fois nous sommes 4-5.  Je reste là un certain moment, mais rapidement je repère les speakers du PA sur le devant de la scène et je me faufile pour m'abriter derrière.  Je suis à 8-10 pieds du guitariste et je n'ai qu'à regarder au delà du speaker pour voir les visages des 6-7000 spectateurs qui trippent au fond; c'est pour moi aussi important que le spectacle en lui-même et je sens cette énergie si caractéristique qui frappe la scène.  Je reste là pour quelques chansons, question de profiter de ce moment privilégié et absorber un peu de cette énergie.   Lorsque je disais, dans la présentation de mon blogue, que je m'étais impliqué en musique pour me rapprocher de l'inaccessible et du magnifique, je crois que c'est de moments comme ceux-là dont je voulais parler...

      En passant, s'il y en a qui trouvent que je beurre épais à propos d'Attack of the Microphone, sachez que je pense chacun de ces mots!  Si je n'avais pas crû en eux et adoré leur musique, pensez-vous que j'aurais passé 3 ans à m'impliquer pour pas une cenne, à faire des milliers de km à 8 dans un vieux truck et à dormir sur des planchers d'apparts (ou dans la van)?  Non, je l'ai fait parce que j'adore ça!

    
    
  

mardi 12 avril 2011

Le soir où on a fait pleuvoir à l'intérieur

     À l'automne 1995,  on m'offre de produire à Matane le dernier spectacle d'une tournée de 8 dates de Grim Skunk, accompagné de Lofofora de France et des Smalls, originaires de Taber en Alberta et basés à Edmonton.  À cette époque, les Grim sont en pleine ascension et ils s'imposent bientôt parmi les artistes vendant le plus de billets de concert au Québec, malgré l'absence de support des radios et de ventes de disques assez modestes.  Cette année-là, ils sont même en nomination à l'Adisq, dans la catégorie "Artiste québécois s'étant le plus illustré dans une autre langue que le français", aux côtés de Jeff Smallwood, Gogh Van Go, Céline Dion et du Cirque du Soleil, qui remportera éventuellement la statuette. En regardant les nommés et le gagnant, on voit bien que cette catégorie, c'est n'importe quoi!

     Le show est finalement booké pour le samedi 9 décembre; le band n'a pas visité la région depuis un an et demi et ce concert sera le seul à l'Est de Québec, je m'attends donc à vendre beaucoup de billets et il me faut une salle capable d'accueillir au moins 500 personnes.  C'est le premier spectacle de cette envergure que je produis et le choix des salles n'est pas très abondant; après quelques démarches, on obtient le gymnase du Pavillon de la Cité, et ce, gratuitement!  Je mets les billets en vente quelques semaines avant la date du spectacle et immédiatement, on sent une certaine frénésie s'installer!  Ma soeur, qui m'aide dans l'organisation du spectacle, s'occupe de la vente des billets à la Polyvalente et me ramène des centaines de dollars chaque soir.  Avec un point de vente à Matane et un à Rimouski, les 500 billets sont rapidement écoulés!  Ça peut sembler une bonne nouvelle, mais ça peut devenir un problème!  Je n'ai aucune idée du nombre de personnes qui vont se présenter à la porte sans billet, et ce genre de situation peut rapidement dégénérer.  Il y a même des gens de Rimouski qui apellent à l'Hotel de Ville pour savoir où se procurer ces billets tant convoités!

     Côté technique, l'organisation des Grim Skunk s'occupe de tout, j'ai acheté un package deal; j'ai les 3 bands, le son, l'éclairage et le matériel promotionnel pour  un coût fixe, plus un pourcentage des profits.  Étant plutôt un organisateur, je ne connais pas tellement l'aspect technique du monde du spectacle, et lorsqu'on me demande s'il y a suffisamment de puissance électrique pour alimenter la production, je réponds: " probablement, il y a un tableau électrique dans le gymnase avec une prise de poêle".  Pas tout-à-fait sûr de mon affaire, je conviens avec Simon (le gérant des Grim à l'époque) de tenir un appel conférence avec lui et le technicien de la tournée; malheureusement, cet appel n'aura jamais lieu.

     Comme c'est un gymnase et qu'il n'y a jamais eu de spectacle à cet endroit, je dois me débrouiller pour installer une scène.  J'opte pour des échaffauds de construction; 2 sections complètes pour la batterie et des demi-sections tout autour pour le reste du band.  Le samedi matin, j'arrive sur les lieux vers 8:00 et je construis les plate-formes qui seront le plancher de la scène.  Tout va rondement, et dans l'après-midi, nous sommes prêts à les accueillir; du moins c'est ce que je croyais...  Le rock and roll étant ce qu'il est, les bands sont en retard et la production aussi;  mais le camion finit  par arriver et on commence à déloader.  Après les présentations d'usage, je leur montre les installations électriques; horreur et stupéfaction, ça ne fera pas l'affaire!  Le technicien m'apprend que si on se branche là-dessus, on l'utilise au complet, donc il n'y a plus de lumière dans les toilettes, ni où que ce soit d'autre.  Il est autour de 17:00 , si je me souviens bien, et on doit ouvrir les portes à 19:00-19:30 maximum.  C'est impossible d'annuler; j'ai signé un contrat et j'ai un  montant assez substantiel à débourser que le show ait lieu ou non.  En plus, il y a déjà des gens dehors, certains arrivant de Sept-Îles ou de Rimouski, tous sans billet.

     Il faut trouver une solution, et vite.  On cherche d'abord une source de courant suffisante pour alimenter le show; on trouve ce qu'il faut dans le garage, mais comme celui-ci est à l'autre bout du bâtiment, on a besoin de plus de fil de type "feeder", au moins 100 pieds je dirais.  On ne trouve pas ça à tous les coins de rue!  Moi ou Petit, je ne suis plus sûr lequel, apellons un ami qui a un kit de son, donc du feeder, et qui en plus est électricien dans la vie de tous les jours!  On trouve un pick-up pour aller chercher ça (merci Jean-Guy) et on ramène le fil et l'électricien!  Une fois sur place, il faut fermer le disjoncteur qui est à la cave pour brancher le feeder, et comme il n'y a pas d'indication sur les disjoncteurs, on organise une chaîne humaine du garage à la cave pour relayer l'information.  On trouve le disjoncteur et Monsieur D procède au branchement.  Comme il ne peut pas brancher le "ground" dans la boîte faute d'espace, on l'attache à un tuyau avec une paire de pinces "grip"!  Ça devrait faire l'affaire, après tout c'est juste du 550!  Ça marche!  Kick out the jams, motherfuckers!

      Place à un rapide sound-check et à tous les ajustements d'usage; durant ce temps (il est autour de 19:00), je passe par l'entrée pour voir comment ça se passe.  Les gardiens de sécurité que j'ai engagé sont arrivés et il y a déjà des centaines de personnes  dehors qui attendent l'ouverture des portes, dont un paquet agglutiné sur la galerie.  Comme je veux éviter d'avoir trop de monde, je décide de laisser entrer seulement ceux qui ont des billets et on verra ensuite pour les autres.  Je donne la consigne au gardien de sécurité d'ouvrir la porte et d'annoncer la nouvelle, mais ceux qui sont devant sont justement ceux qui n'ont pas leur billet et ils veulent entrer!  Lorsque le gardien débarre la porte, celle-ci lui est presque arrachée des mains et c'est le bordel, impossible de faire comme prévu.  Le gardien réussit à refermer la porte, se tourne vers moi et dit:" moi je n'ai pas de problème avec ça, mais tu vas aller leur dire toi-même."  Bon ok, on oublie ça!  Y a-t-il quelqu'un qui a un plan B?  Non? Ok, on laisse entrer tout le monde et on va faire avec.

     Tout est prêt, on ouvre les portes!  Ça rentre, ça rentre, ça rentre, ça rentre: pour garder le fil, j'ai demandé aux personnes à la porte d'inscrire sur une feuille toutes les entrées payées en argent.  En les ajoutant aux 500 qui ont des billets, je sais où je m'en vais.  Le décompte total sera finalement de 676, plus les invités, bands, techniciens et le staff.  On parle d'environ 720 personnes, dans une salle qui devait avoir une capacité légale de maximum 300!  Dire que c'est plein et qu'il y a de l'ambiance, c'est un euphémisme!  Les Smalls ont la tâche de démarrer la soirée; ils en sont à leur deuxième passage à Matane et ils comptent des fans dans la région( Les Smalls, on aime ou on n'aime pas).  Tout se passe bien pour eux et lorsqu'ils terminent leur set, la salle est bondée et prête à faire un triomphe aux bands suivants.  Le souvenir que j'ai des Smalls ce soir-là, c'est qu'ils ont mangé toute la soirée des macaronis, préparés par ma mère et me soeur pour toute l'équipe( je me demande encore s'ils ne sont pas partis avec les restes).  Ça reste un de mes bands préférés du milieu des années 90.

      Maintenant, place à Lofofora, les leaders de la fusion française.  Ils en sont à leur premier album, intitulé "Lofofora", et à leur premier passage au Québec.  Ce disque, vendu à plus de 100 000 copies en France, m'a été envoyé quelques semaines auparavant, mais je n'ai pas vraiment eu le temps d'y prêter une oreille attentive.  Je les ai observé une couple d'heures plus tôt, et pour être honnête, je ne trouve pas qu'ils dégagent une énergie particulière et je ne sais donc pas trop à quoi m'attendre lorsqu'ils montent sur scène.  Putain!  De tous les shows que j'ai produits, je n'ai jamais vu un groupe inconnu ici aller chercher la foule de cette façon!  Le coup de foudre est immédiat, la foule est conquise.  Le charisme de Reuno, le chanteur au regard de glace, envoûte la foule, la basse de Phil , un sympathique Flea français, jumelé aux rythmes d'Edgar le batteur d'enfer font sauter les spectateurs et les riffs métalliques de Farid font bouger de la tête les plus irréductibles headbangers!  Lorsqu'ils enchainent avec "Vive le Feu" des Bérus, le chaos est total, la bâtisse va s'écrouler!  La température dans la salle atteint facilement les 36-37 degrés et il fait moins 15 dehors; il commence à y avoir de la condensation et il y a comme une pluie qui tombe, un peu des plafonds et beaucoup dans les embrasures de portes.  On peut dire que ce soir-là, on a fait la pluie et le beau temps à Matane!  Le set des Lofo est impeccable, et ils se sont faits de nombreux fans dans la salle; ils repasseront 3 fois à Matane après ce soir-là.

      Maintenant, place aux stars de la soirée!  La dernière visite des Grim remonte à un an et demi, et ils tournent pour promouvoir leur album éponyme (qui reste mon préféré à ce jour) ; les Matanais  ne demandent pas mieux que de leur faire un triomphe!  Leur set est parfait, avec tous les ingrédients d'un bon Grim Skunk, incluant Boris qui fume des pétards sur scène!  Ce show sera le début d'une lignée de spectacles de 500 spectateurs et plus pour Grim Skunk à Matane, dont 2 ou 3 fois à l'aréna avec 750 personnes; je peux dire sans avoir trop peur de me tromper que ce groupe sera le meilleur vendeur de billets de spectacles à Matane dans les années 90, et ce, tous genres confondus.  Cette soirée, ça reste le meilleur show que j'ai produit.  Les 3 bands étaient au sommet de leur art et le public était au rendez-vous.  Je n'ai pas tout raconté, c'est déjà un peu long comme récit, mais cette journée fût d'une intensité incroyable.  Avant d'avoir un enfant, j'aurais pu dire que ce fût LA journée la plus intense!

      Un mois plus tard, j'avais déjà de nouveaux projets en tête, et je tâtais le terrain pour faire Groovy Aardvark et Voïvod, toujours au Pavillon de la Cité.  Je me rends sur place, et on m'apprend que non, il n'y aura pas d'autres spectacles à cet endroit.  Le responsable m'amène à la cave, dans ce qui sert de local de tir à l'arc, sous le gymnase, et il me montre des fissures à la base des piliers de béton qui soutiennent le plancher du gymnase; elles n'y étaient pas avant le show.  Peut-être que ce soir-là, on est passé à un cheveu de la catastrophe.  Quand j'y repense, je vois ces images d'une célébration de mariage en Israël où le plancher avait cédé sous les danseurs dans un hôtel de Jérusalem.  Sur 150-200 personnes, il y avait eu 10-12 morts. Imaginez le désastre ce soir-là!  Mais quand même, ce fût une sacrée soirée!

    

    

    




  


vendredi 8 avril 2011

Le Record Store Day (16 avril 2011)

      Le Record Store Day a vu le jour en 2007 et a lieu le 3ième samedi d'avril à chaque année.  L'événement se veut une célébration de la culture des disquaires indépendants et les labels et artistes  y  participent activement.  On profite de cette occasion pour publier des éditions spéciales en format CD ou vinyle, dont plusieurs rééditions de classiques en vinyle 180g; la plupart de ces pressages sont limités à 500, 1000, 3500, 5000 copies pour la planète!  Cette année, l'événement est parrainé par nul autre qu'Ozzy Osbourne, et c'est plus de 300 titres qui seront publiés ce jour-là à travers le monde.  Certains diront que le nombre de parutions diminue l'intérêt, je dirai au contraire que ça permet à chacun d'y trouver son compte, parce que moi personnellement, une réédition de "Kill the Dragon" de DIO ou le single "Girl Panic" de Duran Duran, ça m'intéresse pas trop trop...

      Il y a quelques semaines, moi et ma copine avons discuté de l'idée de débuter une collection de vinyles, surtout des 12 pouces,  qui irait à notre/nos enfant plus tard; j'aime bien l'idée de créer un patrimoine familial et pour moi, ça peut en faire partie autant qu'un set d'argenterie!  C'est sûr qu'une collection de tableaux de Riopelle ça fait un bel héritage, mais vendre la maison pour acheter le premier, je trouve ça exagéré.  Bref, le RSD est le moment idéal pour lancer cette collection.  Comme il faut faire affaire avec un disquaire indépendant, je me suis tourné vers Audition Musique à Rimouski pour tenter d'obtenir quelques pièces qui me plaisent ou qui plaisent à ma copine (ou à nous deux, oui oui ça arrive).  En principe, on est supposé avoir réservé les disque suivants : "I Don't want to know if you are lonely" par Green Day et Husker Du, en format 7 po en vinyle orange et limité à 6 500 copies pour le monde, et "Havana Affair" par Red Hot Chili Peppers et les Ramones, en vinyle rouge à 6 500 exemplaires aussi.  Ils iront rejoindre ceux de la collection de 45 tours que j'ai montée il y a quelques années.  Ces 2 disques sont publiés par Warner Bros., et pour chaque parution, il y aura 100 copies en vinyle clair réparties aléatoirement.  Personnellement, si je travaillais chez un disquaire et que je tombais sur une de ces copies, elle ne se rendrait jamais sur les tablettes du magasin!

     En plus de ces deux singles, nous allons mettre la main (supposé!) sur le disque que nous voulions le plus, la réédition du premier album de City and Colour.  Cette édition est disponible uniquement en Amérique du Nord et à seulement 500 copies numérotées à la main.  En plus des 2 vinyles 180g, on obtient la pochette sérigraphiée et une chanson supplémentaire.  Ça, c'est vraiment ce qu'on peut apeller un collector!

     J'aime beaucoup la place que semble se réapproprier le vinyle depuis quelques années.  Personnellement, j'ai toujours trouvé que le disque compact était très limité comme support pour la musique en plus d'être fragile; c'est sans compter un nombre incalculable de boîtiers cassés!  Comme le Cd peut contenir 76-78 minutes, on s'est retrouvé avec des albums de 65-70 minutes et plus,  et personnellement je trouve que c'est trop.  J'aime mieux 43-44 minutes bien remplies, il me semble que c'est la longueur idéale.pour un disque.  Lorsque je suis passé au numérique et au I-Pod, je me suis débarassé de la plupart de mes CD, sauf ceux des bands indépendants ( anyway, le gars du pawn shop, y connait pas ça ces affaires-là!) que j'ai toujours.  Par contre, je n'ai jamais téléchargé de musique illégalement, je trouve que c'est cheap et que c'est un manque de respect pour les artistes.  Avec le téléchargement illégal, je trouve que la musique perd un peu de son importance et de sa valeur; on en vient à oublier qu'il y a souvent énormément de travail derrière, tout devient trop facile.  La réintroduction du vinyle ramène un côté matériel et concret à la musique comme produit de consommation, et en plus, les pochettes sont tellement plus belles à 12 pouces par 12 pouces!   Je me souviens lorsque j'avais 9-10 ans et que j'allais chez mon oncle Richard, les pochettes de ses disque me fascinaient! Il y avait entre autres " Blackout" de Scorpions, avec le gars qui a les fourchettes dans les yeux, et des disques d'Ozzy, "Speak of the Devil" et "Blizzard of Oz".   La musique vaut la peine qu'on paie pour l'obtenir et un vinyle peut vous rester pour toujours.  En plus, on  donne maintenant un code pour télécharger l'album lorsqu'on achète le vinyle; plus de raison de s'en passer!

samedi 2 avril 2011

The Exile

     Il y a quelques années, grâce à la magie d'internet, je me suis monté une petite collection de 45 tours ( ou 7") vinyl, principalement par le biais de E-Bay.  L'accès à un marché international d'enchère m'a permis de dénicher quelques perles rares, ce qui aurait été presque impossible auparavant, surtout lorsqu'on habite en région.  En amenant l'accessibilité, l'internet a aussi entrainé les prix à la baisse, et ce qui était réservé à un cercle relativement restreint de collectionneurs, était maintenant à portée de main (ou de porte-feuille) de  quiconque muni d'un ordinateur.   Bref, j'achetais régulièrement des disques à l'étranger, surtout au Royaume-Uni et aux États-Unis.

     Durant ces années à scruter E-Bay à la recherche de trésors perdus, j'en suis venu à faire affaire sur une base régulière avec certains vendeurs, dont un plus particulièrement en Angleterre.  Lors d'une de ses enchères, il met en vente un 7" d'un band nommé The Exile, originaire d'Écosse; tiré à moins de 1000 exemplaires, ce disque fait partie du Top 100 des singles punks issu du U.K. selon le magazine Record Collector, une référence en la matière.  Même si je ne les connais pas, je décide de miser sur ce E.P. de 4 titres, sorti en 1977 sur le label du band, Boring Records.  Malheureusement (ou pas), je ne remporte pas la mise et le disque m'échappe.  À cette époque, on a accès au nom d'usager des enchérisseurs et on peut les contacter par message via E-Bay.  C'est ainsi que je reçois un message d'un type, nom d'usager "Balvicarscott",  qui me propose une copie du disque de The Exile.  Ne tenant pas mordicus à ce disque et ayant des doutes sur ce type d'offre, je ne prend pas la peine de répondre au message.  Cependant, j'inclus à partir de ce moment ce disque dans mes recherches régulières, ne serait-ce que par curiosité.  Quelques semaines plus tard, le disque réapparait sur E-Bay; le vendeur: Balvicarscott.  Je passe mon tour et je surveille quand même l'enchère, toujours par curiosité!  La copie se vend à un prix raisonnable et dans les semaines suivantes, 2 autres sont mises sur le marché.

      Je me décide finalement à miser sur la prochaine copie offerte, question d'en avoir le coeur net!  Non seulement je remporte la mise, mais à la moitié du prix que j'avais offert pour celui de mon vendeur régulier!  Il ne me reste maintenant plus qu'à attendre de le recevoir par la poste, ce qui prend un peu plus d'une semaine.  En rentrant du travail, je récupère la petite boîte carrée familière dans le corridor devant ma porte.  Je lis l'adresse de l'expéditeur et je contaste que c'est bien le disque de The Exile, arrivant tout droit d'Écosse.  Ces disques issus de façon indépendante et à petit tirage ont souvent une pochette assemblée à la main et je dus décoller les coins pour pouvoir en sortir le vinyle; cette petite beauté immaculée n'avait pas vu la lumière depuis 30 ans!  Je m'attarde ensuite à la pochette et je lis les infos à l'endos;  le nom du chanteur me dit quelque chose...  Je récupère le carton d'emballage dans le bac à récupération et je vérifie: l'expéditeur est Graham Scott de Balvicar, un petit bled en Écosse; putain, c'est le chanteur du band!  Ça explique tout!  Je me sentais comme le personnage de Mathieu Kassovitz dans Amélie Poulain lorsqu'il comprend l'origine des photos avec toujours le même type!  Je le contacte par message et il m'apprend alors qu'il a trouvé une dizaine de ces disques en faisant du rangement il y a quelques semaines et qu'il a décidé de les vendre.  Je suis à Matane, et j'achète un disque directement du chanteur de ce band disparu depuis trente ans et qui habite dans un trou perdu en Écosse!  Comme le dit si bien l'expression, "it's a small, small world"...

     En plus de ce "Don't tax me" E.P., le groupe a sorti un autre 45 tours en 1978, "Real people", avant de devoir changer son nom pour Friction à la suite d'une poursuite d'un groupe américain du même nom.  Friction sort un 7", "World in Crisis", en 1980 et disparait des écrans radar par la suite...

mercredi 30 mars 2011

Les béruriers sont les rois

      Parmi les bands qui ont marqué mon adolescence, Bérurier Noir est sans aucun doute celui qui occupe la plus grande place.  Mon premier contact avec eux s'est produit lorsque j'avais 14 ou 15 ans chez mon ami François; son frère étudiait à l'extérieur et c'est lui qui a ramené cette cassette qui allait changer mon univers musical à tout jamais.  On ne peut toutefois pas parler d'un coup de foudre, je n'ai pas accroché à la première écoute.  C'est peut-être dû à Dédé, la boîte à rythme au son étrange qui tenait place de batterie,  ou encore à la guitare à 2 accords de Loran, ou parce que c'était en français, chose plutôt inhabituelle à mes oreilles qui découvraient à cette époque le punk et le hardcore. Peu importe, le mal était fait.

      Si je me souviens bien, la cassette contenait "Abracadaboum" et "Concerto pour détraqués", leurs 2 meilleurs albums selon moi.  Rapidement, la cassette joue en boucle dans mon "ghettoblaster" ( c'est les années 80 quand même!) et en plus des Bérus, on commence aussi à connaître Ludwig Von 88, LSD, Les Porte-Mentaux, les Garçons Bouchers, etc.  On peut faire de la musique qui rentre dedans en français: une véritable révélation!  Un peu comme les Ramones l'ont fait dans les années 70, les Bérus font réaliser à plein de jeunes qu'on a pas besoin d'être virtuose pour former un band; 2 accords, des cheveux tout croches et un sentiment de révolte font amplement l'affaire.  Partout au Québec, des groupes voient le jour et chantent dans la langue de Johnny Haliday; au tournant des années 90, une scène punk francophone prend forme, et pas seulement à Québec ou Montréal. 

     Revenons aux Bérus.  À l'automne 1989, le groupe a déjà annoncé sa dissolution et visite le Québec pour une tournée d'adieu de 6 concerts, dont le premier à Rimouski, à une heure de chez-nous!  C'est un véritable rassemblement de toute la jeunesse rebelle de la région.  Le concert a lieu à la Coudée du Cégep, le 6 octobre, devant une salle comble; il y a du monde jusqu'à la porte!  On ne s'embarasse pas d'une première partie, de toute façon, aucun band n'aurait pu nous faire patienter!  Je crois que rien n'aurait pu nous préparer à ce que nous allions vivre ce soir-là: nous étions tous des béruriers, du vrai fan punk à mohawk jusqu'au cousin de l'autre qui se retrouve là sans connaître le groupe!  J'ai des images de cracheur de flammes, de danseuse du ventre, de chinois qui fait des kata, de clown agitateur de drapeaux, mais aussi de visages béats, ivres de ces textes que nous connaissions tous par coeur.  Certains ont le poing dans les airs, d'autres agitent de petits drapeaux que les Bérus ont lancé (j'en ai un!), d'autres s'époumonnent à dénoncer le Front National, même si plusieurs ignorent probablement ce que c'est!   22 ans  et des dizaines de shows plus tard, ça reste un des meilleurs que j'ai vu, autant pour le spectacle en lui-même, que pour ce que le groupe représentait pour nous à ce moment.  Ils étaient nos porte-parole, et ce soir-là nous avons pu joindre notre voix à la leur.

      En 1991, je suis à Rimouski au bar le Sens Unique pour voir un show de Banlieue Rouge et des Krostons (qu'est-ce que je vous disais pour la scène franco!) et assis à la terrasse, j'entame la conversation avec un type que je ne connais pas.  Il m'apprend qu'il est Michel Vézina et qu'il a fait partie des Bérus!  Tabarnak!  En 1985 ou 1986, le rimouskois d'origine a quitté le Québec pour Paris avec l'intention de faire partie de la troupe des Bérus, et c'est ce qui est arrivé!  C'était lui le clown format géant!  Il m'a raconté de nombreux épisodes de son aventure de quelques années avec le plus grand groupe punk français. Passionnant!   Des histoires de véritables batailles rangées contre des néo-fascistes français, ou encore de shows mémorables dans de petits bleds perdus.  Une rencontre que je n'oublierai jamais.  Il est maintenant auteur et a publié quelques romans, en plus de fonder la maison d'éditions Coup de Tête en 2007. Il a aussi été le rédacteur en chef du journal le Mouton Noir de 2000 à 2002.

     Les Bérus sont revenus sur scène sporadiquement entre 2003 et 2006, dont un mémorable show à Québec devant 50 000 personnes dans la boue jusqu'aux mollets.  Mais ça, c'est une autre histoire.