dimanche 13 novembre 2011

Les débuts, la suite.

     À l'automne 1985, j'entre au secondaire.  Le premier souvenir musical que j'ai de cette époque, c'est d'avoir acheté l'album "Hunting high and low" de A-ha, le trio norvégien.  La chanson "Take on me" est un excellent morceau de pop et le fabuleux clip qui l'accompagne est devenu un classique.  Cette époque, c'est aussi celle où je commence à acheter des magazines musicaux, plus précisément les mensuels "Fan club" et "Wow!", deux publications québécoises en français(j'étais pas encore assez bon en anglais pour le Rolling Stone ou le NME!) destinées aux jeunes.  Un des deux avait Denis Gagné comme rédacteur en chef, celui qui anime aujourd'hui l'émission "L'épicerie"!  Dans ces magazines, j'apprends l'existence de nouveaux groupes, comme les Jesus and Mary Chain, qui sortent leur premier album à ce moment-là, la bombe de distortion "Psychocandy"(ma rencontre musicale avec les Mary Chain n'aura cependant pas lieu avant 1987, à la parution de l'album "Darklands").  J'y apprends que leurs concerts se terminent en général après 15-20 minutes dans le feedback et le chaos.  On les qualifie de nouveaux "Sex Pistols" dans les magazines britanniques.    Les pistols, ce band mythique que j'ai découvert quelques années auparavant à la bibliothèque municipale dans une encyclopédie du rock.  D'après ce que j'y ai lu, c'étaient de véritables antéchrists.  En fait, ils avaient eu la malchance de jurer à la télé britannique en heure de grande écoute et d'avoir un bassiste mort d'overdose.  De nos jours, un gars comme Éric Lapointe fait pire que ça dans la même semaine.

    Les magazines musicaux ne demeurent pas ma principale source d'information bien longtemps.  1986 amène un nouveau joueur dans le paysage médiatique québécois: Musique Plus.  "La télé-vidéo en stéréo" me fait découvrir plein de nouveaux artistes, car croyez-le ou non, on y diffusait de la musique, à l'époque!  J'aime particulièrement l'émission "Nu Musik", avec Benoît Dufresne, un animateur dont le séjour à M+ sera assez bref.  J'y fais la rencontre des Cure, Smiths et autres New Order de ce monde.  C'est aussi l'année où je fais plus ample connaissance avec The Police, qui, bien que séparés depuis 2 ans, font paraître un greatest hits ("the singles") avec une nouvelle version de "Don't stand so close to me".  Je les avais connu 2 ans auparavant avec leur succès universel "Every breath you take", mais c'est à ce moment qu'ils deviennent un essentiel de ma discothèque.  Leur musique m'a accompagné à travers toutes ces années, même si mes goûts ont évolué avec le temps; c'est une musique qui traverse les époques.  Étrangement, je ne les ai plus vraiment écouté depuis que j'ai assisté à leur tournée-réunion lors de leur premier passage à Montréal, en 2007.  Sur le coup, j'ai aimé le spectacle; difficile de ne pas être satisfait par un groupe de virtuoses jouant toutes leurs meilleures chansons, que tout le monde connaissait par coeur.  Mais en fait, il manquait l'essentiel: ce que certains appellent une âme.  Lorsque j'y  repense à tête refroidie, je me dis qu'il aurait finalement été préférable qu'ils ne reviennent jamais, me laissant avec mes illusions sur ce band que je n'avais pas connu au sommet de sa carrière, n'ayant que 10 ans quand le groupe fut le band de l'heure en 83-84.  Le tout n'était probablement qu'une opération mercantile, surtout lorsqu'on parle de billets dans les rouges à 240$/pièce!  Je crois qu'il faut parfois laisser les fantômes là où ils sont.

    U2.  LE plus gros band de la planète.  Je fais leur rencontre vers 1986, entre les albums "Unforgettable Fire" et "The Joshua Tree".  J'adore la chanson "Pride (in the name of love)", un de leurs premiers hymnes (avec "Sunday Bloody Sunday"), avec lesquels ils rempliront les stades du monde entier après la parution de leur album suivant.  J'aime bien aussi "Bad", que je trouve toujours aussi magnifique aujourd'hui.  Le 9 mars 1987, c'est la parution de "The Joshua Tree", un classique parmi les classiques.  À ce moment, U2 devient mon band préféré, et le restera jusqu'à ma rencontre avec le punk et le hardcore, où j'effacerai du revers de la main ces années de musique pop et alternative.  Je vais perdre la trace de U2 jusqu'en 2001, à la parution de "All that you can't leave behind", qui constitue justement un retour à leurs racines musicales des années 80.  Cet excellent disque sera récompensé de plusieurs prix et ce sera aussi l'occasion pour moi d'assister à leur spectacle de Montréal en septembre, peu de temps après les événements du 9/11.  Cette fois-ci, aucune déception!  Le show est magique.  Certains reprocheront à Bono son côté prédicateur, mais il sait amener le spectacle à un niveau presque mystique, on a vraiment l'impression de vivre un moment privilégié.  J'ai assisté à assez de concerts pour savoir que lorsque le chanteur dit : " Montréal (ou Matane, Québec, etc.) vous êtes les meilleurs!", c'est en général de la bullshit pour faire lever le show.  Avec U2, on veut vraiment y croire.

mardi 8 novembre 2011

Les débuts, 1ère partie.

     Du beat. Du son. D'la muze. D'la toune.  On la nomme comme on veut, mais surtout, on l'écoute.  Des fois c'est pour avoir un bruit de fond, pour faire le ménage!  Mais souvent c'est pour la savourer, en jouir.  J'ai toujours préféré écouter des albums; le random et le shuffle, très peu pour moi.  J'aime écouter l'oeuvre dans sa totalité, pour en saisir toute la subtilité.  Écouter des chansons mélangées, c'est comme regarder un montage de clips extraits de films différents; c'est dur de saisir le scénario!  Ce qui fait les grands groupes, ce sont les grands albums, pas les singles.  Depuis quelques années, on pourrait dire que j'ai bouclé la boucle.  La première musique que j'ai écouté était sur vinyle, et j'ai recommencé à les collectionner il y a 5-6 ans.  Non sans un grand détour par les cassettes, les cd et les mp3!

     Le premier vinyle que je me souviens avoir acheté est l'album de Corbeau, "Illégal".  On est en 1982, j'ai neuf ans, et j'achète ce disque à la pochette noire et blanche chez "Continental", sur la rue Saint-Jérôme.    Peut-être dû à la piètre qualité du vinyle, ou encore à la vétusté de l'engin qui sert de tourne-disque à la maison, il n'y a qu'une seule pièce qui ne saute pas quand on la fait jouer, et c'est "Illégal".  Tout le reste est inécoutable.  Au moins j'ai sauvé la meilleure!   Sorti la même année, l'album "Creatures of the night" de Kiss s'ajoute par la suite à ma discothèque personnelle.  En 4ième année du primaire, la professeure (Jovette ou Monette, pas sûr) nous suggère d'amener de la musique à écouter lors de la période d'activité du lendemain; mal lui en prit!  Le lendemain après-midi, mon tour arrive finalement et j'en profite pour partager avec tous ce disque que j'aime bien.  Malheureusement,  Monette ou Jovette prétexte un mal de tête et interrompt l'initiation au heavy metal de plusieurs de mes camarades de classe.  Qu'à cela ne tienne, je persiste et confirme mon amour pour ce groupe à l'aide de plusieurs lip-synch bien sentis, armé du maquillage de circonstance et d'une raquette de badminton recouverte de papier d'aluminium en guise de guitare.  1982, c'est aussi l'année de "I love rock'n'roll", la chanson qui a rythmé l'été de mes 9 ans.  À l'époque, Joan Jett a racheté les droits de son interprétation de cette chanson des Arrows pour la somme de 3 500$ (ou quelque chose comme ça); la chanson vaut aujourd'hui 20 millions de dollars!

     L'année suivante, c'est l'explosion du phénomène Michael Jackson, avec l'album "Thriller", paru en décembre 1982.  Si Jackson devient une star planétaire, une autre figure de la pop est révélée cette année-là avec l'émergence de Boy George et son groupe Culture Club.  Dans ma classe de cinquième année, la neutralité n'est pas une option; on ne peut pas aimer à la fois Boy George et Michael Jackson!  Je dois ici faire mon mea culpa: je me suis rangé du côté de Boy George!   Ne vous inquiétez pas, cette fois-ci, pas de lip-synch déguisé!  Étrangement, c'est aussi à ce moment  que  je découvre le heavy metal avec Ozzy Osbourne.  Dans un document scolaire de cette époque, il est écrit que mes chanteurs préférés sont Ozzy et Boy George!  C'est ce qu'on apelle de l'ouverture d'esprit (ou peut-être juste un profond manque de culture musicale, j'ai 10 ans quand même!).   Anecdote : j'ai un cousin trisomique un peu plus agé que moi, et à l'époque, il avait vraiment accroché sur Culture Club.  La cassette jouait en continu dans son walk-man, surtout "Karma Chameleon".    Comme il ne savait pas vraiment parler, il disait "com a com a com a com a com..." pour paroles du refrain.  Je l'ai revu une douzaine d'années plus tard, et il était toujours affublé de son walk-man.  Qu'est-ce qui jouait?  Com a com a com a com a com a com...Ça en dit long sur le niveau du groupe.

      En ce début des années 80, le chandail noir à manches 3/4 blanches est l'objet de prédilection pour afficher son appréciation d'un groupe.  J'en ai un d'Ozzy, avec une tête de chauve-souris sanguinolente sur chaque manche.  Si vous ajoutez à cela une paire de "bottes à cap"' pas attachées et une paire de jeans à taille haute, vous avez le kit du parfait rocker de l'époque.

     Vers 1984-85, je suis en sixième année et je découvre d'autres groupes dans la veine heavy metal de l'époque, avec des bands comme Scorpions (la fabuleuse pochette de "Blackout!"), Krokus, Quiet Riot, et d'autres dont j'ai perdu le souvenir.  C'est aussi l'époque des Twisted Sisters, un groupe minable qui aura eu la chance d'écrire 2 hits, qui sont probablement toujours leur gagne-pain aujourd'hui!   Ils sont un des groupes à avoir le plus profité de la nouvelle vague du vidéocilp qui déferlait à ce moment .  La fameuse "Grande nuit vidéo" a marqué cette époque, bien avant l'arrivée de Musique Plus.  L'émission fût présentée en "Stéréovision" (n'importe quoi!) en direct du studio de montage électronique (Wow, je capote!)de Télé-Métropole.  Je me souviens l'avoir écoutée quelques heures, juste avant de tomber définitivement dans les bras de Morphée.